LA LETTRE DE RUTH, ANGOLAISE, 15 ANS A FRANCOIS HOLLANDE

Si vous consultez le blog régulièrement, vous avez pu recevoir des infos concernant une jeune fille scolarisée au Collège de la Venaiserie et qui est menacé d’expulsion. La mobilisation se poursuite. Nous relayons une lettre qu’elle a adressé au Président de la République.

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Depuis 1 an, nous nous battons pour obtenir la régularisation de notre élève et de sa mère. Suite à des persécutions politiques, elles ont dû fuir l’Angola il y a 3 ans et sont aujourd’hui expulsables à tout moment. Ruth passera son Brevet des Collèges dans une semaine. Elle a écrit une lettre à François Hollande pour qu’enfin sa situation puisse changer et qu’elle puisse sereinement vivre ici. Les enseignants du collège La Venaiserie à Saint Barthelémy d’Anjou.( Maine-et-Loire)

De Ruth  Simone Baptista

Le 09 juin 2015

A Angers

Pour le Président de la République Française,  François Hollande.

Monsieur le Président,

Je m’appelle Ruth Simone Baptista,  j’ai 15 ans, j’habite à Angers avec ma sœur et ma mère. Cela fera trois ans que ma famille et moi nous sommes réfugiées en France.

Avant, j’habitais en Angola avec ma mère, ma grand-mère et mes sœurs jumelles, mes frères habitaient déjà chacun dans leur coin mais étaient tous les jours à la maison. J’allais à l’école et à l’église tous les jours, j’aimais rester dans ma chambre que je partageais avec mes sœurs et écrire mes histoires, réfléchir…

Dans mon pays, cela fait plus de trente ans que le même parti et le même président sont au pouvoir, le peuple en a assez et mes frères aussi, ils ont donc fait des manifestations et incité les gens à les suivre. Cela a engendré de telles conséquences sur nos vies qu’on a été obligé de fuir et de venir en France. Pourquoi la France ? Honnêtement je ne sais pas, j’évite de demander ces choses à ma mère.

Arrivées ici, nous ne connaissions personne bien sûr, nous étions perdues et nous avons dormi un mois dans la rue. Après avoir reçu des aides nous avons été logées et j’ai commencé à aller en cours en 5e au collège La Venaiserie à St Barthélémy d’Anjou.

Comment se lever tous les jours pour aller en cours si on n’arrivait pas à dormir, si à chaque fois j’avais peur qu’ils nous retrouvent, qu’ils viennent?(les policiers de mon pays). Je ne comprenais pas pourquoi j’allais en cours en quoi cela allait résoudre nos problèmes. Alors, j’ai décidé de jouer le jeu, le jeu d’être une fille normale, de me faire des amis, d’aller me balader, d’être une bonne élève comme d’habitude et de faire de la danse. Mais ma mère n’arrivait pas à jouer ce jeu, elle était obsédée à retrouver mes frères , elle cherchait n’importe quelle information sur le net, elle avait des cauchemars, insomnies. C’était très dur pour moi de la voir ainsi.

Avant on était une famille dans une maison, maman travaillait, on allait à la plage tous les week-end, mes sœurs et moi on allait en cours comme tout le monde, on avait des amis. Rien ne nous manquait , on ne mourrait pas de faim, on n’était pas dans le besoin.

Grâce à Dieu ma sœur nous a rejoint mais nous voilà maintenant sans rien, sans maison, sans futur, seules les aides des professeurs et des gens de bon coeur pour nous aider à tenir…Oui ! On nous a demandé de quitter la France mais pour aller où ? On n’a plus rien en Angola, plus d’emploi, plus de maison, on n’existe plus, on n’a le droit à plus rien. Mais là-bas, on nous attend, mais pas pour de bonnes choses.

Je ne veux pas rentrer, je ne veux pas partir d’ici, j’ai une famille, des amis, un futur. Je veux être médecin, j’irais au lycée en septembre, je veux soigner les gens, réunir des familles, les voir sourire, me voir sourire. Je veux enfin pouvoir vivre.

A cause de ma situation, je n’ai pas pu voyager en Allemagne avec mes camarades, je ne comprends pas pourquoi jusqu’à aujourd’hui pourquoi je n’ai pas pu y aller, connaître une autre culture, améliorer mon allemand comme les autres ? En quoi cela est-il dangereux ? Je suis resté seule quand ils sont partis, j’ai beaucoup pleurer , beaucoup, ça m’a brisé le coeur, peut-être que vous ne comprenez pas mais j’ai travaillé autant que les autres, j’y ai cru jusqu’au dernier moment et je suis restée, seulement par le fait de ne pas être française, de ne pas avoir de papiers, je suis quoi alors Monsieur ? Je suis qui ? On nous a dit de quitter l’appartement où on nous avait logées donc plus de toit alors je n’ai pas pu avoir de correspondante non plus, je n’ai pas demandé le pourquoi mais je me suis dit que c’était ça. Alors de mon propre gré, j’ai refuser de les accompagner découvrir  Angers, c’était trop dur, faire quoi si je n’avais pas de correspondante ?

Vivre cette vie est très dur, insupportable en vérité, je vous le dis, Monsieur, je suis épuisée, mon cerveau, mon corps, veulent du repos. Je veux juste aller en cours, que ma mère ait un emploi, reprendre mes cours de danse classique que maman ne peut plus payer, avoir une maison, une chambre, un chien, je veux pouvoir aller en vacances comme tous les français, faire un échange scolaire avec un pays, je veux aussi travailler bientôt, aider ma mère à payer mes études, je pense que dans toutes mes envies et espoirs, il n’y a rien qui puisse nuire à ce pays. « Le corps est faible mais l’esprit est fort »( dit la Bible) J’évite de penser à tout ce qui c’est passer , à mes frères, sinon je ne pourrais pas vivre, mais ça ne veut pas dire que j’ai oublié.

Monsieur le Président si vous avez lu cette lettre jusqu’ici, je voudrais vous dire la chance que vous avez d’être Président de ce pays, son peuple est très gentil, très solidaire, avec une histoire admirable.

Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me lire.

Ruth

URL source: http://blogs.mediapart.fr/blog/resf/200615/la-lettre-de-ruth-angolaise-15-ans-francois-hollande

Soirée Rencontre sur la situation au Kurdistan

Vendredi 26 juin à 20h30 – Soirée autour de la situation au Kurdistan
A l’Etincelle, 26 rue Maillé, Angers
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Discussion avec deux camarades qui reviennent d’un périple de plusieurs semaines au Kurdistan. Ce sera donc l’occasion d’en savoir un peu plus sur la situation des Kurdes en Turquie, sur les dynamiques politiques qui s’y développent, sur la place des femmes dans ces luttes, sur la guerre contre Daesh, sur l’autonomie au Rojava et l’expérience de « démocratie directe » qui s’y développe.
Pour plus d’informations et de précisions vous pouvez aller visiter ce blog : Ne var ne yok ?

 

La Petite Pignonnière : Audience

Comme nous vous l’expliquions précédemment, les habitants de la Petite Pignonnière sont menacés d’expulsion. Celle-ci a été notifiée aux habitants.

Cependant, le Juge d’Exécution a été saisi et doit statuer sur d’éventuels délais qui seraient accordés aux habitants, voire modifier la décision du tribunal.

Audience, lundi 8 juin, à 14h au Tribunal d’Instance, Bd de Coubertin.

Etrangers scolarisés : Appel Commun

Le mois de juin est propice aux rassemblements…

Nous relayons l’appel des soutiens aux élèves menacés d’expulsion à quelques semaines de la fin de l’année scolaire.

ILS VIVENT ICI, ILS ÉTUDIENT ICI, ILS RESTENT ICI ! NON A L’EXPULSION DE NOS ÉLÈVES ET DE NOS CAMARADES DE CLASSES !

Depuis un an, des personnels et lycéens de nombreux établissements scolaires du département se battent contre l’expulsion d’élèves sans papiers. La Venaiserie, Chevrollier, Californie, Jean Moulin, Henri Dunant, Joachim du Bellay, Paul-Emile Victor ; à Segré et à l’Université d’Angers également. L’année scolaire a été marquée par des luttes diverses pour obtenir la régularisation des familles de nos élèves, qui doivent pouvoir suivre leur scolarité dans des conditions décentes.
Le 12 mai dernier, 600 personnes se sont rassemblées devant la préfecture pour soutenir Miléna, lycéenne arménienne inscrite au lycée Joachim du Bellay. Cette solidarité exemplaire doit s’amplifier !
C’est pourquoi les établissements en lutte se retrouveront lors d’un rassemblement commun le :
 
MARDI 9 JUIN
à partir de 17H15
devant la préfecture du Maine-et-Loire
 
 
Alors qu’approchent les examens et les vacances scolaires, soyons là unis pour les soutenir.
 
DES PAPIERS POUR NOS ÉLÈVES ET NOS CAMARADES DE CLASSES !

Action Sociale en Maine-et-Loire

Nous diffusons un appel à un Rassemblement le 8 juin pour dénoncer les restrictions budgétaires qui pèsent fortement sur l’action des travailleurs sociaux.

Voilà le texte d’appel :

Depuis des années, le conseil départemental (ex conseil général) a fait des choix financiers qui ont fortement grevé ses comptes et, aujourd’hui, il ne cesse de vouloir faire des économies sur le dos des plus démunis, économies qui entrainent des familles et des jeunes de notre département dans la précarité.

Rappelons ici que les missions obligatoires d’un Conseil Départemental sont l’aménagement durable du territoire, la gestion des routes et des déplacements, la gestion des collèges, la culture, la sécurité incendie et surtout l’action sociale et sanitaire. En effet, la prévention maternelle et infantile, la protection de l’enfance et l’aide sociale sont des missions essentielles.

photo_27543_170L’avenir pousse-t-il encore en Anjou ?

Si tel est le cas, la priorité ne devrait-elle pas aller vers les jeunes et une réelle politique de solidarité plutôt que vers le renflouement du Parc du Végétal ou un tout nouvel Hôtel du Département !

Malheureusement la politique d’austérité menée par M. Gillet et ses équipes se fait sur le dos des personnes les plus en difficulté, à savoir l’enfance en danger, les mineurs étrangers et les populations démunies.

Nous sommes persuadés que ces choix politiques à court terme vont entrainer un délitement du lien social, une précarité de plus en plus importante des jeunes, un fort sentiment d’insécurité générale et, à terme, des licenciements en masse dans les structures accueillantes et accompagnantes.

Cette politique d’austérité, que nous refusons, aura des conséquences désastreuses et entraînera à coup sûr une augmentation des dépenses du Conseil Départemental mais également des autres collectivités locales.

Les choix politiques qui sont faits sont clairs et les victimes sont toujours les plus faibles :

  • Aujourd’hui plus de 300 mesures prononcées par les juges des enfants (AEMO + placements) sont en attente de réponses concrètes. Le Maine-et-Loire ne devrait-il pas être vigilant sur cette question compte tenu de son histoire ?

  • La prévention spécialisée a déjà eu à faire face à des licenciements et est encore dans l’incertitude la plus complète quant à ses financements pour l’année 2016. Est-ce la mort annoncée de la Prévention spécialisée participant à la protection de l’enfance et un choix du « tout caméra » ?

  • Les Accompagnements Provisoires Jeunes Majeurs, qui sont une mission obligatoire du Conseil Départemental, sont remis en question. Ils sont suspendus à une échéance du 31 août, laissant dans l’incertitude les jeunes majeurs qui bénéficient de ces aides. Quelle est cette stratégie départementale qui alimente l’angoisse chez des publics à l’avenir déjà incertain?

  • Des mineurs étrangers isolés qui «héritent» de moyens dérisoires: à 5 ou 6 dans un appartement, sans bénéficier de la présence continuelle d’adulte au quotidien, et devant manger avec 3 euros par jour. En lançant un appel à projet avec un prix de journée à 20 €/jeune, le Conseil Général de l’époque, déjà présidé par M.GILET, instaurait la maltraitance institutionnelle, pour les jeunes et les professionnels. Là encore les jeunes et les professionnels travaillent dans l’incertitude sans aucune garantie de financement pour 2016.

  • Les Foyers de Jeunes Travailleurs sont asphyxiés par la réduction des subventions. Pourquoi le Conseil Départemental les laisse-t-il mourir sans réagir ? Comment les bénéficiaires de ces dispositifs feront-ils pour se loger et pour apprendre à vivre de manière autonome et sereine ?

  • Les centres de loisirs viennent de subir une diminution des subventions qui leur étaient allouées. Le Conseil Départemental a également décidé de supprimer l’aide aux familles pour le départ en vacances. Toutes les familles ne pourront plus inscrire leurs enfants dans les CLSH. Doit-on laisser les jeunes issus des familles les plus précaires dans la rue ?

  • Des conditions de travail de plus en plus dégradées pour l’ensemble des professionnels qui interviennent auprès des jeunes de notre département. Des situations qui s’amoncellent et qui se dégradent faute de moyens pour y répondre au sein de l’Aide Sociale à l’Enfance.

Le Conseil Départemental du Maine et Loire se désengage clairement de ses missions premières pour investir dans de belles vitrines comme Terra Botanica ou un nouvel Hôtel du Département.

Nous devons réagir et ne pas laisser faire cette politique qui entraînera la paupérisation d’une grande partie de notre jeunesse tout en voyant les plans de licenciements se multiplier dans nos différentes structures.

Nous faisons déjà l’impossible avec des moyens réduits pour maintenir une qualité d’accompagnement auprès de personnes en grande précarité. Nos pratiques professionnelles sont mises à mal. La pression budgétaire sur les structures associatives comme sur les salariés du Département est insupportable. Cela laisse entrevoir un avenir inquiétant. Il est temps de dire STOP et de rappeler au Conseil Départemental du Maine-et-Loire quelles doivent être ses priorités.

Pour la sauvegarde d’une réelle politique de solidarité, pour défendre nos conditions de travail, nos emplois et surtout le droit des familles et des jeunes en difficulté à pouvoir bénéficier des meilleures conditions d’accompagnement et de prise en charge.

Rassemblons-nous tous et toutes Place Michel Debré à Angers (devant le Conseil Départemental du Maine et Loire) le lundi 8 juin 2015 à 12h afin de faire entendre notre voix contre les choix de la politique d’austérité du Conseil Départemental !

Cette date correspond à une commission permanente des élus du Conseil Départemental et est le préalable à un vote des budgets supplémentaires qui devrait avoir lieu les 22 et 23 juin. Nous demanderons ce jour une audience à la commission permanente afin de faire infléchir le CD 49 sur les politiques d’austérité qu’il mène en matière d’action sociale. Suite à ce rassemblement et à cette journée de grève, une assemblée générale aura lieu à 17h30 à la Bourse du Travail afin de discuter de la suite du mouvement et des actions à mener.